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des renforts et, comme il lui paraissait difficile que Bussy put en recevoir en raison des événements de Trichinopoly qui tournaient au désastre, il parlait de se rendre lui-même à Pondichéry et même en France pour solliciter directement le secours du roi et lui offrir la moitié de ses états moyennant une garantie formelle de l’autre moitié. Dans une série de lettres écrites à Dupleix du 19 mai au 8 juillet, Romi khan nous fait part de ces inquiétudes du soubab ; il ne dormait, nous apprend-il, ni jour ni nuit et le divan lui-même ne mangeait ni ne buvait dans l’attitude des renforts ; mais Romi khan, reflétant sans doute les pensées de Bussy, était loin d’être aussi pessimiste. Les craintes du soubab et du divan leur étaient personnelles ; la situation dans son ensemble était loin de nous être défavorable. Tout le monde, d’après Romi khan, comblait Dupleix de bénédictions et eut voulu être de sa religion pour l’adorer ; Dieu ne nous donnait qu’honneur, gloire et biens ; il se passait véritablement en cette partie de l’Inde des choses comme il ne s’en était jamais vu en Asie.

Dupleix avait compris dès le premier jour que l’assassinat de Ramdas Pendet n’aurait pas pour nous de conséquences funestes. Mais son imagination travaillant comme à l’ordinaire, il en tira des conséquences tout à fait inattendues.

Dans le temps même où Ramdas Pendet disparaissait, on craignait à Delhi une révolution analogue à celle qui avait compromis le pouvoir de Mahamet Cha en 1738. Un afghan, du nom d’Ahmed Abdalli, avait franchi les rivières du Punjab. Rien n’était prêt pour lui résister ; à la cour régnait une confusion extrême et, quand il eut fallu aller à l’ennemi, le grand vizir Mansour Ali kh. luttait contre des intrigues intérieures, parmi lesquelles