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entre les parties intéressées. On peut le regretter et en tirer soit contre la Compagnie soit contre Dupleix tels arguments que l’on voudra, mais par la nécessité où celui-ci se trouva de prendre immédiatement une décision lorsque Chanda S. demanda son appui, toute conversation, toute discussion préalable avec la Compagnie était absolument impossible. Et nous en revenons fatalement au principe que nous avons posé plus haut : avant de partir en guerre, Dupleix devait calculer s’il avait à lui seul les moyens d’être victorieux. S’il ne s’était agi que d’intérêts personnels, il lui était assurément loisible de jouer l’avenir sur un coup de dé ; du moment où il engageait la politique de son pays, il lui fallait jouer à coup sûr. Ses intentions si nobles, si grandioses, si patriotiques qu’elles aient été, ne peuvent prévaloir contre ce raisonnement.

Peut-être pensera-t-on que si, au lieu de n’envoyer que les renforts jugés nécessaires à la conservation de Pondichéry, la Compagnie avait doublé ses effectifs, Dupleix aurait entièrement triomphé ; mais, outre qu’un tel envoi eût supposé l’approbation intégrale des projets de Dupleix, on ne doit pas perdre de vue que les Anglais, tenus au courant de nos préparatifs, eussent aussitôt fait l’effort correspondant, comme ils le firent au moment du départ de Godeheu et qu’ainsi l’équilibre des forces en présence eût été à peu près rétabli. Ces suppositions sont d’ailleurs du domaine de la pure spéculation : la guerre est le théâtre de toutes les vicissitudes et les précautions initiales sont toujours les plus sûres.

Que par le fait des circonstances on puisse être amené à changer d’attitude et de programme, cela est d’usage courant et conforme à la logique, et il est vraisemblable que si les victoires de Dupleix avaient continué,