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Dupleix finit par demander 100.000 rs. de la caisse de la Compagnie pour payer des dettes criardes. Godeheu répondit que l’état de la caisse ne le lui permettait pas mais que s’il avait des bijoux et des diamants, il les vendrait volontiers pour l’aider. La leçon était trop directe pour que Dupleix ne la comprit pas ; il éluda l’allusion et son dernier mot fut de demander seulement 50.000 rs ; la question resta sans réponse.

L’après-midi, Bertrand apporta le double des comptes et pria à nouveau le commissaire de les recevoir et de lui en accuser réception. Il reçut la même réponse. Le soir, Arnaud revint à son tour dire que Dupleix ne demandait pas autre chose que la nomination d’une personne qui certifiât que les pièces justificatives en toutes sortes de langue avaient réellement rapport aux articles énoncés dans le compte, parce que, disait-il, « M. Dupleix n’osant risquer ces pièces sur mer, il se trouverait qu’en arrivant en France, il serait en état de présenter son compte à la Compagnie, pour qu’elle en discutât seulement le solide des articles. » Godeheu calcula qu’en accédant à cette demande, il ne préjugeait en rien de la validité des pièces et nomma aussitôt Bourquenoud et Guillard, l’un teneur de livres et l’autre caissier de la Compagnie, pour certifier l’existence de ces pièces, mais leur existence seulement.

Dupleix nous expose minutieusement dans son mémoire de 1763 (p. 116) comment procédèrent les commissaires. Ils avaient devant eux sur un bureau les comptes de Dupleix. Ils en lurent successivement tous les articles — et il n’y en avait pas moins de 1.028 — et à mesure qu’ils en appelaient un, le secrétaire de Dupleix présentait aux commissaires la pièce justificative de ce même article, et quand ils la trouvaient