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Cependant Dupleix ne perdait pas de vue que, le 14 août, Godeheu lui avait fait dire que s’il était créancier de la Compagnie, comme il le prétendait, il devait fournir un état particulier de ses réclamations. L’affaire était connexe à celle du Carnatic et néanmoins distincte ; en dehors des revenus de cette province, qui continuait à relever du Décan, et ceux des nouvelles concessions (Villenour, Bahour, Karikal, Mazulipatam), Dupleix avait encore soutenu la guerre avec ses fonds personnels ou divers emprunts contractés dans la colonie. Godeheu n’avait pas été chargé de demander des explications à Dupleix sur ce point, puisqu’au moment de son départ la Compagnie ignorait l’existence d’un tel compte, mais quand Dupleix lui en parla, il ne refusa nullement d’en connaître, au moins à titre officieux. Dupleix mit plus d’un mois à ajuster ses chiffres : enfin, le 22 septembre, accompagné d’Arnaud et de Bausset et Delarche, qu’il avait choisis pour suivre ses intérêts, il se rendit chez Godeheu et lui remit ce qu’il qualifia son compte général personnel avec la Compagnie. D’après ce compte, il aurait du 17 octobre 1749 au 1er août 1754 :

encaissé 2.514.064 rs ou 6.033.753 liv.
et dépensé 5.648.621 rs ou 13.556.690 —
soit un excédent
de dépenses de 3.134.557 rs ou 7.522.937 —


ce qui faisait ressortir à pareille somme sa créance sur la Compagnie.

Dupleix eut désiré que Godeheu visât immédiatement ces chiffres, afin de leur donner un caractère d’authenticité qui constituât en quelque sorte une reconnaissance de dettes, mais Godeheu, flairant le piège, répondit que n’étant point chargé de les examiner, il ne pouvait ni les recevoir ni les viser. Après avoir discuté un moment,