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çaise accepterait ces conditions. Godeheu sentit que s’il cédait sur ce point c’était enlever à Bussy tout le bénéfice des concessions qu’il venait d’obtenir et accroître par ce fait les charges de la Compagnie ; il éluda donc la proposition en disant (29 août) que les longueurs qu’entraîneraient les ordres à donner et les avis à recevoir du côté du nord exposeraient dans le sud à des actes d’hostilité qui ne feraient qu’éloigner la paix et aigrir les esprits ; il était plus avantageux pour les deux compagnies d’établir d’abord la paix dans le Carnatic.

Godeheu ne fut pas mal avisé en faisant cette réponse. Le 30 août il reçut par le Duc d’Orléans une lettre de la Compagnie qui l’invitait à ne pas entrer en communication avec Saunders sur les affaires du Décan. Saunders dut recevoir de son gouvernement des instructions de même nature ; car sans insister sur sa dernière demande, il proposa spontanément le 5 septembre de fixer un jour où l’on cesserait toute hostilité à Trichinopoly, en convenant qu’il en serait de même pour les alliés des deux nations.

Godeheu adhéra d’autant plus volontiers à cette proposition qu’il avait lui-même, au cours de sa correspondance, soumis à l’agrément de Saunders les principaux articles qui devaient servir de base à la pacification générale. L’adoption de ces articles fut en principe décidée dès ce moment ; pourtant il fallut encore plus de trois semaines pour les arrêter définitivement. La principale difficulté d’interprétation roulait sur la désignation et la reconnaissance du nabab d’Arcate. De même que la Compagnie en France, Godeheu professait que le soubab du Décan avait seul le droit de faire cette désignation, mais il s’engageait à reconnaître celui qui serait nommé, fût-ce Mahamet Ali.