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avoir donné, mais il était convaincu que s’ils étaient contraires à ces idées, Godeheu, mieux informé et plus au fait qu’il ne l’était en partant de France, en suspendrait l’exécution jusqu’aux réponses du ministre. Sans doute on pouvait renoncer aux quatre circars que venait d’acquérir Bussy, mais l’abandon de ces provinces équivaudrait à la rupture de nos relations avec le soubab et risquerait de jeter celui-ci entre les bras de l’Angleterre, qui n’attendait que notre départ pour prendre notre place. Loin de reculer, il conviendrait au contraire d’envoyer quelques centaines d’hommes à Mazulipatam pour renforcer nos garnisons. En nous établissant solidement dans les places de ce pays, nos ennemis n’oseraient plus nous demander autant de sacrifices, et la paix n’en serait que plus facile.

On sait comment Godeheu répondit à ces suggestions. Le jour même de son arrivée, il écrivit à Saunders pour lui proposer non pas la paix — notre supériorité militaire n’était pas assez bien établie — mais une suspension d’armes. Le lendemain, comme gage de ses bonnes dispositions, il renvoya à Madras les officiers et les soldats suisses arrêtés en rade de Pondichéry deux ans auparavant. Ce même jour, Dupleix lui ayant proposé d’envoyer 300 hommes de renfort à l’armée de Mainville pour arrêter un convoi anglais qui se rendait à Trichinopoly, Godeheu non seulement n’entra pas dans ces vues, mais il remplaça Mainville à la tête des troupes par un officier qu’il supposait devoir être plus docile à ses instructions, le capitaine Maissin. Maissin arriva devant Trichinopoly le 16 août et se trouva le lendemain en présence du convoi annoncé. Fallait-il livrer bataille ou le laisser passer ? Retenu par ses instructions, Maissin n’osa prendre franchement un parti : il parut vouloir s’opposer au passage du