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Godeheu ; puis, sa place n’étant plus dans le conseil, il sortit.

C’est alors que l’on vit combien sa présence dominait et fascinait les conseillers. À peine avait-il quitté la séance, que la discussion ayant repris, ils revinrent tous sur le voyage de la Cochinchine, en disant qu’il ne pouvait avoir lieu cette année, attendu que les fonds manquaient et que la saison était trop avancée. Godeheu profita de cette circonstance pour dire que, son intention étant de discuter ouvertement les affaires de la Compagnie, chacun pourrait sans crainte lui donner son avis.

Le gouvernement de Dupleix avait vécu.


Tous rapports n’étaient cependant pas rompus avec Godeheu. Dupleix restait pour la durée de son séjour à la disposition du commissaire pour répondre de ses actes et fournir les explications qui lui seraient demandées. Et c’est à une véritable enquête qu’il allait être soumis : enquête portant aussi bien sur ses opérations militaires et ses rapports diplomatiques avec les princes maures que sur sa gestion financière et l’emploi des fonds qui avaient passé par ses mains. Cette enquête, dont nous allons suivre quelques détails, fut menée par Godeheu sans aucune bienveillance mais aussi sans malveillance systématique. L’homme était d’esprit soupçonneux et étroit, mais de conscience honnête et droite ; son enquête oscilla entre ces tendances. Quant à Dupleix, qui avait le sentiment de sa supériorité personnelle, il se prêta sans jamais s’humilier au rôle que les circonstances lui imposaient et il discuta toujours avec Godeheu sur le pied d’une parfaite égalité. S’il ne répondit pas toujours avec clarté aux questions qui l’embarrassaient, du moins n’essaya-t-il pas de parti-pris d’égarer les recherches par