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Dans l’incertitude des négociations engagées en Europe, Godeheu engageait Dupleix à se maintenir dans l’état où il se trouvait, c’est-à-dire garder nos possessions contre l’ennemi sans chercher de nouvelles conquêtes. Les troupes qu’il amenait avaient moins pour but d’entretenir les hostilités que de faire désirer la paix à nos rivaux. Il priait enfin Dupleix de s’entendre avec Boyelleau, l’un des conseillers, pour lui trouver un logement, et il suggérait une maison ayant appartenu à feu le conseiller Février et occupée par Dupleix avant qu’il ne s’installât au nouveau gouvernement.

Sans être froid, le ton général n’était pas d’une très chaude amitié ; depuis qu’il était embarqué, Godeheu connaissait trop l’objet de sa mission pour se laisser entraîner à des démonstrations qu’il aurait peut-être à regretter. Cette lettre arriva à Pondichéry le 29 juillet.

Après avoir passé quelques jours aux Îles, Godeheu remit à la voile et arriva à Karikal, ce même jour, 29 juillet, à 7 heures du soir. Il descendit à terre le lendemain, visita le fort et s’enquit des divers besoins de la dépendance, mais le principal objet de son séjour était moins de savoir ce qui s’y passait que d’avoir des nouvelles du chef-lieu. Il se rembarqua le 31 dans la soirée et arriva à Pondichéry le 1er août à la tombée de la nuit.

Quel accueil allaient se faire ces deux hommes qui s’étaient quittés les meilleurs amis du monde seize ans auparavant, n’avaient jamais cessé de correspondre sur le ton d’une intimité affectueuse et se trouvaient maintenant dressés l’un contre l’autre par la fatalité des événements ?

On vient de voir que, loin d’être inquiet ou de le paraître, Dupleix s’était déclaré satisfait de revoir un ami