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Ces instructions, il faut avoir la tristesse de le confesser, n’étaient ni dignes de la France ni même conformes à la réalité de notre situation dans l’Inde. Que nous ayons essuyé dans le Carnatic des revers qu’aucun succès appréciable n’avait encore réparé lorsque la Compagnie rédigea ses instructions, il est évident qu’à moins de vouloir prolonger une guerre qui paraissait sans issue, la persistance de nos infortunes devait amener la Compagnie de France à entrevoir et accepter des concessions, et lorsqu’elle envisageait la conservation de Gingy, elle témoignait assez qu’elle entendait largement sauvegarder nos droits dans le Carnatic ; mais qu’à la côte d’Orissa, où nous n’avions pas été en contestation avec les Anglais, nous abandonnions sur leur simple demande un territoire d’une étendue de 200 km. de long sur 50 de large pour nous contenter d’une modeste loge avec deux ou trois lieues de terre aux environs, cette faiblesse confond l’imagination. Il fallait ou que nous eussions fort à craindre de l’Angleterre si nous lui opposions un refus — et avec cette puissance toute concession est le meilleur moyen d’aggraver les malentendus — ou que nos ministres et nos diplomates péchassent par une ignorance trop profonde de ces contrées. Les deux hypothèses ne s’excluent d’ailleurs pas ; nous savons, par les conférences de Londres, qu’on ne connaissait bien de part et d’autre ni l’étendue ni la valeur exacte des pays dont on discutait les destinées. Admettons, si l’on veut, que cette ignorance ait été une circonstance atténuante pour la Compagnie de France et le Ministre qui interpréta ses intérêts.


Godeheu resta encore plus de quinze jours à Lorient après avoir reçu ces instructions. Avant de lui donner