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il avait trouvé préférable qu’Arnaud s’embarquât sur le même navire que le commissaire, ne fut-ce que pour rassurer l’opinion sur les mauvais desseins que certaines personnes attribuaient à la mission. Les désirs du ministre étant des ordres, Arnaud attendit que Godeheu s’embarquât.


Ce temps ne fut pas entièrement perdu pour les intrigues ni pour la mise au point des instructions à rédiger ; le tout se modela sur les nouvelles de l’Inde. Il n’y avait encore aucun parti-pris de sacrifier complètement Dupleix et tout porte à croire que, quand il décida l’envoi de Godeheu, le ministre ne savait pas encore comment il préciserait ni déterminerait sa mission. Mais, par une malchance qui eut des conséquences incalculables, trois navires qui avaient dû quitter l’Inde en janvier ou en février n’étaient pas encore arrivés en France en octobre. On crut que Dupleix les retenait pour cacher de mauvaises nouvelles et le mécontentement s’accrut. On rendit le gouverneur responsable de malheurs imaginaires et, la crainte aidant, on se décida à prendre contre lui les mesures les plus rigoureuses : il fallait en finir avec les mystères dont il enveloppait la Compagnie.

Dupleix n’était cependant pas coupable du retard de ces navires ; il les avait expédiés à leur date ordinaire, mais par un fâcheux concours de circonstances, ils avaient tous été retenus aux Îles ou obligés d’y revenir. Le Bristol et le Centaure, expédiés de Pondichéry, avaient bien pu partir de l’Île de France l’un le 22 janvier et l’autre le 10 février et tous deux étaient arrivés en France en juin ; mais les autres n’avaient pas suivi. Le d’Argenson avait quitté Port-Louis pour l’Europe le 21 mars, mais il avait dû y revenir le 2 juillet avec des avaries de