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Guillaume n’appréciait pas moins son dévouement et ses aptitudes. La mission qu’on désirait qu’il remplit consistait essentiellement à rendre à Dupleix un compte exact des dispositions du ministre, de la façon de penser de toutes les personnes composant l’administration, des vœux du public et du désir de tous ses amis de le voir observer une conduite mesurée dans des circonstances aussi importantes. C’était à lui à montrer par son attitude la droiture de ses actions et même de ses intentions ; nul doute que, par une extrême modération, il n’arrivât à faire retomber sur ses adversaires le mal qu’ils voulaient lui faire et réduire à néant leurs intrigues et leurs attaques.

« Arnaud, écrivait Guillaume Dupleix le 12 novembre, pourra vous expliquer le nœud de la politique de mille affaires particulières et qu’on ne prévoit pas ; il connaît les intrigues les plus secrètes de la Compagnie et vous en rendra le plus fidèle compte ; il vous tranquillisera sur les intentions du ministre, auxquelles il ne paraît pas toujours que les faits s’accordent. Il pourra par les instructions qu’il aura prises à la source vous mettre en garde contre les pièges qu’on pourra vous tendre, donnera dans des occasions plus de poids de croyance à des objets qui ne vous étant présentés que par un supérieur parfois jaloux, pourraient paraître suspects. » (B. N. 9147, p. 239-247).

Arnaud accepta sans peine d’aller dans l’Inde ; il voulait même partir immédiatement par la voie des caravanes. Il fallut que le ministre l’en empêchât. Comme il était légitime, Machault avait été tenu au courant des desseins de la famille de Dupleix et loin de s’y opposer, il avait au contraire déclaré que nul moyen n’était plus convenable pour empêcher les heurts qui pourraient se produire au moment de l’arrivée de Godeheu. Seulement