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toujours pour lui la même estime et la même confiance : il le dit hautement. En se décidant pour la mission Godeheu, il a seulement voulu donner une satisfaction aux actionnaires de la Compagnie et faire taire les clameurs du public que les bruits de guerre continuaient d’alarmer. Quant au choix même du commissaire, il ne pouvait être plus heureux. Depuis 1737, les sentiments de Godeheu à l’égard de Dupleix n’ont pas changé et Saint-Georges est convaincu que celui-ci trouvera en lui tout ce qu’il peut souhaiter de trouver dans l’occasion présente. Godeheu est un « homme éclairé, désintéressé, qui sûrement voudra se concilier avec Dupleix, parce que sans cet accord il ne pourrait rien faire d’utile au bien de sa mission. » (B. N. 9150, p. 193-200).

Savalette de Magnanville, intéressé dans les fermes générales, ne connaissait pas personnellement Dupleix, mais il était fort lié avec ses neveux dont le plus jeune, Marc Antoine, devait épouser quelques années plus tard sa fille Charlotte ; en raison de ces relations il crut devoir témoigner sa sympathie au gouverneur menacé de disgrâce. Après avoir reconnu avec lui que toutes ses actions paraissaient avoir été dictées par une sorte de nécessité, il lui recommandait cependant de se prêter de bonne grâce à bien recevoir Godeheu et à sacrifier au besoin quelques-unes de ses vues propres à celles du gouvernement et de la Compagnie. On avait toujours été hostile, à Paris, aux opérations militaires, et, continuait-il,

« Comme le désir de la paix a prévalu et qu’il s’irrite par les obstacles, on a peut-être été par degrés jusqu’à penser que les difficultés que vous paraissez y rencontrer n’étaient pas insurmontables, que vous ne vouliez pas sincèrement la fin de la guerre, enfin que vous auriez pu vous dispenser de l’entreprendre. Des préjugés différents basés sur une longue expé-