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la mort de Nazer j., l’avènement de Muzaffer j. et le voyage de ce prince à Pondichéry, an mois de janvier 1751.

Ce fut ce voyage qui décida de la destinée de Bussy. Le nouveau soubab, qui ne se sentait pas sûr de ses troupes ni de ses sujets, demanda des Européens pour l’accompagner jusqu’à Haïderabad : Bussy s’offrit pour les commander, et Dupleix accepta. Cette circonstance fortuite décida de sa carrière.

Bussy n’était à ce moment qu’un officier comme beaucoup d’autres, attendant tout des hasards de la guerre pour avancer ou pour faire fortune. Si, après sa mise à la disposition de Muzaffer j., il avait suivi la règle commune, il aurait profité des moindres occasions pour faire valoir ses talents militaires ; au besoin il les eut provoquées ; mais il ne considérait la guerre que comme un moyen et non comme un but et, les avantages essentiels obtenus, il lui parut plus intéressant et plus digne de l’esprit de les consolider par la diplomatie. En toutes circonstances il se conduisit moins comme un chef d’armée que comme une sorte de commissaire civil et c’est à peine anticiper sur les événements que de dire qu’il déploya dans ce rôle moins éclatant toutes les qualités de l’administrateur et de l’homme d’État. Comme l’écrivait plus tard le P. Monjustin, aumônier de son armée : « Ce n’est pas par des médiocres succès qu’une politique habile se fait connaître » et, dans son commandement du Décan, Bussy remporta les succès les plus éclatants. Nul doute qu’il eût acquis plus de gloire et que son nom serait plus connu s’il avait livré et gagné beaucoup de batailles ; mais est-il bien nécessaire de cueillir des lauriers, si c’est uniquement pour orner des tombeaux ? Suivons-le dans son odyssée.