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précieux appui que le commissaire lui avait donné. Pourquoi n’en serait-il pas de même dans les circonstances présentes ? Godeheu n’était-il pas un vieil ami de Dupleix ? N’avaient-ils pas noué à Chandernagor des relations affectueuses que les années n’avaient pas interrompues ?

Les affaires remises en ordre, rien n’empêchait que Dupleix conservât ses fonctions. Les lettres ultérieures de la Compagnie, autant qu’elles peuvent être sincères, prouvent que, dans son esprit tout au moins, c’était l’éventualité envisagée.

Voici donc Godeheu investi d’une mission qu’il était loin d’avoir sollicitée. À ce moment de notre récit, on peut se demander à quoi avaient servi la lettre à Saunders et l’envoi de la mission d’Auteuil et Amat. L’une, par les accusations portées contre le gouverneur anglais, avait justifié sinon nécessité les conférences de Londres, et l’autre par l’opposition entre les informations des envoyés de Dupleix et les renseignements venus de l’Inde à la même époque, avait déterminé l’envoi d’un commissaire qui chercherait à établir la vérité. Dans l’un et l’autre cas, Dupleix avait forgé lui-même les armes qui devaient contribuer à sa chute.

Il n’est pas surprenant que, dans ces conditions, la Compagnie et le ministre n’aient opposé qu’une faible résistance aux suggestions anglaises, lorsqu’il fut question à Londres d’établir dans l’Inde un ordre nouveau, en confiant ce soin à des hommes plus intéressés à s’entendre que Dupleix et Saunders. Il n’était pas besoin d’un ultimatum étranger pour dicter la décision de Machault ; les lettres de l’Inde suffisaient. Que par un sentiment très légitime, les parents ou amis de Dupleix aient cherché à attribuer sa disgrâce à la complaisance