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il ne put nous envoyer aucun secours. L’alliance du soubab n’a servi en réalité qu’à colorer d’une sorte de légitimité les acquisitions que nous avons faites avec nos seules forces et que nous aurions également faites sans cette alliance. Maintenant que nous n’avons plus rien à demander au soubab, ce souci de donner de la légitimité à nos acquisitions n’a plus de raison d’être. Notre intérêt est donc de rappeler les troupes que nous avons auprès de lui. Si le soubab demandait en retour qu’on lui rendît les circars, il ne manquerait pas de raisons plausibles pour en conserver la possession ; en tout cas il ne faudrait restituer aucun territoire. Il conviendrait même que ces provinces, données en nantissement à Bussy, fussent passées au nom de la Compagnie, et rien ne paraît plus facile à obtenir, s’il est vrai que les maures et Salabetjing désirent vivement être débarrassés de la protection que nous leur imposons.

C’est dans cet ordre d’idées, d’après Delaître, qu’il conviendrait d’écrire à Godeheu et il trace le projet d’instructions qu’il serait nécessaire de lui envoyer.

Delaître voit toutefois à l’accomplissement de ce programme deux difficultés, l’une émanant de Dupleix et l’autre de Bussy. Les craintes au sujet de Dupleix méritent de retenir particulièrement l’attention. Par la façon dont elles sont rédigées, l’auteur non seulement sait que Dupleix est encore dans l’Inde, mais il croit qu’il restera le gouverneur de nos établissements. On peut craindre dit-il, les vues vastes et ambitieuses de M. Dupleix et son attachement à gouverner le Décan, dont ses liaisons et ses intérêts particuliers le feront peut-être difficilement départir.

Et comme il a préparé un projet d’instructions pour M. Godeheu, il en prépare un autre pour Dupleix :

« À l’égard de M. Dupleix, écrit-il, on s’en rapporte au ministre sur les meilleures mesures à prendre pour le faire entrer dans les vues du roi sur le Décan ou pour remédier au