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toujours un corps de troupes auprès de Salabeljing, et profiter de la première occasion pour ramener nos troupes dans nos possessions de Mazulipatam et de la côte d’Orissa. Cette retraite volontaire serait bien accueillie des Mahrates ; bien plus, avec quelque dextérité, on pourrait la faire acheter par de nouvelles faveurs.

En agissant ainsi, nous éviterons de grands frais et de grandes pertes d’hommes à l’intérieur et nous ne conserverons de l’ensemble de nos projets que la partie solide et utile. Les 8.000 hommes actuellement répandus dans tout l’intérieur du Décan ne constituent pas une force suffisamment impressionnante, ni suffisamment garantie ; ramenés à la côte, dans des établissements contigus et prolongés le long de la mer, ils y constitueraient une puissance qui non seulement n’aurait rien à craindre des Européens du côté de la mer, mais encore s’imposerait à l’amitié des différentes parties de l’intérieur.

Il n’est pas à craindre qu’en évacuant le Décan, les Anglais ne prennent notre place ; s’ils le faisaient, ce ne serait qu’en dégarnissant leurs forces de la côte et en s’exposant à leur tour aux risques que nous devons éviter. Dans le cas toutefois où, contre toute vraisemblance, le nabab, joint aux Anglais, viendrait nous attaquer dans nos nouvelles concessions, il serait aisé à notre agent de soulever chez nos ennemis des complications qui nous mettraient à l’abri de tout danger.

Delaître est donc aussi nettement favorable à l’occupation de la côte qu’il réclame l’abandon des contrées de l’intérieur ; il prévoit même une plus grande étendue de pays qui augmenterait encore nos revenus. Et pour justifier cette occupation, en admettant que cela fût nécessaire, il invoque des chiffres, cette cavalerie légère de la politique. Il dit notamment que 8.000 hommes dont 3.000 blancs, entretenus à Hayderabad ou Aurengabad, à raison de 41 sous 4 deniers par homme et par jour, officiers et soldats, l’un portant l’autre, reviendraient infiniment moins