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quatre heures avec Bussy et ils avaient décidé ensemble de tenir le lendemain un grand conseil. Tous les chefs de l’armée s’y trouvèrent ; Bussy consulté déclara que l’intérêt du soubab était de détruire Balagirao ; si l’on faisait la paix avec lui, les Français lui feraient la guerre pour leur propre compte. Bien entendu ce langage était convenu d’avance avec Salabet j. L’assemblée se rangea unanimement à cette opinion.

Et l’on se remit en route à grandes journées. L’armée avait pour objectif Pouna, la capitale des Marates, distante d’Aurengabad d’environ 60 lieues. Le 26, elle n’en était plus qu’à 20 cosses et à 10 seulement de l’armée de Balagirao. On fit alors une nouvelle revue de nos troupes blanches (28 novembre). Sur 498 hommes qu’on aurait dû compter, y compris 101 hommes récemment arrivés de Mazulipatam, il en manquait 80 tant déserteurs que morts : rien que depuis le départ d’Aurengabad, il en était mort 8. N’était pas comprise dans ce chiffre une compagnie partie de Pondichéry avec 57 hommes, dont 20 avaient disparu. Restaient dans l’ensemble 455 hommes, dont 44 étaient absolument hors d’état de servir et qu’on évacua à Ahmednagar. C’est donc avec un effectif réduit de 411 hommes que Bussy aida Salabet j. à engager la partie contre les Marates[1]. (B. N. 9159, p. 3-4). Les événements qui se passèrent alors justifièrent toutes les prévisions de Bussy et constituent un des monuments

  1. D’après une lettre de Kerjean au contrôleur général du 25 décembre suivant, les troupes françaises se montaient à 300 hommes d’infanterie, dont 50 grenadiers, 60 artilleurs, 46 cafres, 32 topas, 6 ouvriers blancs, 6 domestiques, 3.000 cipayes dont 500 à cheval ; elles avaient 10 pièces de 2, 3 à la Suédoise et 11 autres plus petites et enfin 2 mortiers et 2 pierriers. L’imagination populaire augmentait de beaucoup chacun de ces chiffres. (A. C. C2 83, p. 144-150).