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esprits les plus justes et les plus clairvoyants. Pour vous placer dans le seul point de vue d’où l’on puisse apercevoir la vérité, je vais vous faire un récit abrégé et impartial des principaux faits qui se sont passés dans l’Inde depuis quelques années. »

Suit ce récit, en général impartial et exact. Il tient la majeure partie de la lettre, 8 pages sur 12 et s’arrête à la mort de Chanda S. et à une expédition présumée de Bussy contre Basseïn. Puis l’auteur reprend :

« Je vous laisse à juger quelle a été la cause de cette guerre, la moins nécessaire et la plus déplacée qu’une compagnie put entreprendre. Il est certain que la Compagnie, trompée par des relations infidèles et séduite par les avantages immenses qu’on lui promettait a fait les plus grands efforts pour secourir M. Dupleix d’hommes et d’argent, mais bien loin de compter par là mettre tout l’Indoustan en combustion, son but n’était que d’y paraître dans un état de force qui put en imposer aux nations voisines et assurer le commerce par une paix solide. La querelle une fois engagée il a fallu la soutenir et de nécessité se laisser conduire dans ce labyrinthe par ceux qui d’entreprises en entreprises lui ont attiré toute l’Inde sur les bras. Car aujourd’hui la guerre que ces peuples entretiennent à leur tour est bien moins contre la nation française que contre M. Dupleix, qu’ils regardent comme voulant disposer souverainement de leurs villes, de leurs provinces et du sort des grands les plus respectables. Ces nations ne lui pardonneront jamais les traités rompus, les ravages de leur patrie, plus de 500.000 maisons brûlées ou détruites, leurs compatriotes, leurs femmes, leurs enfants massacrés, leur maître assassiné.

« Au reste, toutes ces violences, quels avantages ont-elles produit à la Compagnie ? aucun ; car enfin, relativement au commerce qu’elle peut faire, ces aldées, ces terrains de Mazulipatam même sont toutes possessions inutiles pour elle. Tous ces prétendus accroissements ne sont dans le fond que des occasions de dépenses énormes, de sujets de guerre éternelles