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L’opinion de Montaran, homme de peu d’envergure mais d’assez de bon sens, est toujours intéressante à enregistrer.

« Nous sommes ici, écrivait-il le 16 janvier, dans une inquiétude mortelle au sujet des nouvelles de l’Inde. Celles que nous recevons d’Angleterre sont des plus fâcheuses et malheureusement elles s’accordent avec les lettres particulières, du moins pour la plus grande partie. Nous ne recevons d’ailleurs aucune nouvelle de vous et nous imaginons que vous auriez pu nous en faire passer si elles étaient consolantes. Dans ce moment le déchaînement est universel contre vous et l’on ne sait que répondre pour vous. Quand je relis les lettres que je vous ai écrites et celles que j’ai fait signer au ministre pour vous, j’y vois qu’à commencer dès 1750, c’est-à-dire dès la première nouvelle de vos succès, nous vous avons exhorté à la paix et dès le commencement de 1751 on vous a envoyé les ordres les plus précis à cet égard. Vous-même vous n’avez pas écrit de lettres au ministre et à la Compagnie que vous ne nous ayez annoncé la paix comme conclue et cependant la guerre durait encore en juin 1752 et vous y avez reçu un échec très considérable qui peut remettre nos nouveaux établissements et même nos anciens en danger d’être d’autant plus aisément insultés que vous les avez totalement dégarnis pour soutenir cette malheureuse guerre. Ne soyez point étonné si dans ces circonstances les lettres qu’on vous écrit ne sont pas flatteuses et si vous recevez des ordres précis à exécuter. Nous espérons cependant que la paix est faite et nous forçons nos envois de troupes pour réparer les pertes d’hommes que vous avez faites et remettre vos comptoirs en état de défense. C’est tout ce que nous pouvons faire jusqu’à ce que nous soyons mieux instruits. Pour vous, Monsieur, faites la paix si elle ne l’est pas encore et faites prospérer le commerce. Vous ne devez songer qu’à cela. » (B. N. 9150, p. 56).


Lettre de Machault, du 19 janvier 1753. — Il n’est que