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§ 4. — Lettre du 2 janvier 1753, sur la politique générale préconisée par Dupleix.

Les lettres qu’on vient de lire, sans constituer une approbation même indirecte de la politique de Dupleix, n’en sont pas non plus un désaveu formel. La Compagnie et les ministres ne connaissent guère les événements de l’Inde que par les rapports du gouverneur ; tout paraît se passer de la façon la plus heureuse pour nos intérêts ; la seule crainte que l’on éprouve est que la paix ne se rétablisse pas et l’on invite Dupleix à la restaurer, sans rechercher des avantages nouveaux. Mais, en dehors du Carnatic et du Décan, celui-ci avait encore des vues sur d’autres parties de l’Inde et même en Indochine ; il rêvait de fonder un établissement au Pégou, un autre à Surate, un troisième à Colèche, d’étendre la domination du soubab du Décan c’est-à-dire la nôtre sur le Bengale, et il parlait d’envoyer une ambassade au Mogol et de conclure un traité d’assistance mutuelle avec le vice-roi de Goa. Ces conceptions ne tendaient à rien moins qu’à soumettre l’Inde presque tout entière à notre autorité. La Compagnie qui connut ces projets par des lettres qui s’échelonnent du 30 janvier 1750 au 19 février 1752 en conçut quelque émoi, et même de la crainte. Aussi n’hésita-t-elle pas, non point à recommander la prudence à Dupleix, mais à lui défendre expressément de donner une suite quelconque à ses propositions. Tel fut l’objet de sa lettre du 2 janvier 1753, dont les termes sont déjà moins bienveillants que dans les lettres précédentes.