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forment un corps considérable dans l’état et j’ose dire respectable par la protection que le roi lui accorde. Je vais plus loin, il est de votre intérêt à vous-même de le faire respecter. C’est de ce corps que vous tenez vos pouvoirs ; c’est en son nom que vous agissez et par conséquent c’est vous honorer vous-même que d’honorer le corps d’administration. Vos lettres ne peuvent pas être secrètes ; quinze ou seize personnes les lisent ou en entendent la lecture et déposées d’ailleurs dans le secrétariat de la Compagnie, il est impossible qu’elles ne passent pas par les mains de plusieurs subalternes. Quand vous écrirez, dis-je, à ce corps, il est de votre prudence de bannir de vos lettres toute aigreur et toute apparence de mépris. On peut être ferme poliment et c’est ce que je vous demande autant pour vous que pour la Compagnie. »

Abordant alors les affaires de l’Inde, Montaran critique un passage d’une lettre de Dupleix où il disait à la Compagnie que « quelque part où les Anglais se portent dans l’Inde, ils le trouveront partout comme auxiliaire ou même comme partie principale. » Montaran trouvait ce dernier terme un peu cru et craignait que bien des gens n’y vissent une envie déterminée de faire la guerre. Le terme de représailles était le seul où il dut se renfermer ; encore fallait-il que l’insulte qu’on aurait à repousser fût considérable et que la réparation ne put pas attendre le temps des négociations.

Montaran ne saurait dire combien la paix est désirée par tout le monde en ce moment surtout où la Compagnie souffre du retard de l’arrivée des vaisseaux de l’Inde. Les Anglais répandent des bruits qui nous sont désavantageux. On est impatient d’apprendre la prise de Trichinopoly et la conclusion de la paix. Mais si, malgré les soins de Dupleix, les troubles de l’Inde se perpétuaient encore, « n’oubliez rien au monde pour nous envoyer des cargaisons riches et abondantes. Le principal cri contre la guerre vient de l’interruption ou plutôt de la dimi-