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il conviendrait de ne promettre de secours à ces princes que si nos troupes pouvaient rester en communication avec Pondichéry de façon à assurer leur retraite. Or les engagements pris par Dupleix vont beaucoup plus loin, puisqu’il a fait accompagner Salabet j. jusqu’à 200 lieues de Pondichéry par 200 français et 4 ou 500 cipayes et qu’il a pris un engagement encore plus étroit en se revêtissant de la qualité de lieutenant-général du nabab depuis la Quichena jusqu’au Cap Comorin. Dans le Carnatic même, il a envoyé pour soutenir Chanda S. des forces jusqu’à Arcate et Trichinopoly, qui sont à 30 lieues de Pondichéry. Dupleix est donc loin du système de guerre et de prudence que l’on vient d’établir.

Cependant il serait imprudent de lui prescrire tout d’un coup ce système, car il n’est pas douteux que les Anglais profiteraient de notre retraite pour prendre notre place et nous perdrions du même coup tous les avantages qui nous ont été consentis. Mais il est permis d’arrêter des lignes de conduite pour l’avenir et de poser à Dupleix des bornes précises dans lesquelles les secours qu’il accorderait aux princes indiens devraient être renfermés. On pourrait à cet égard lui faire observer, par une raison flatteuse pour son amour-propre, que malgré les dangers de son système, la Compagnie pourrait s’y livrer aveuglement s’il était immortel, mais s’il venait à disparaître, trouverait-on un homme capable de soutenir le poids de pareilles affaires ? Il lui importe donc de ramener les choses « à des principes de modération et de prudence soutenables par des hommes ordinaires, tels que seront vraisemblablement ceux qui géreront après lui. »

Pour en finir avec cet article, nos projets d’agrandissement dans l’Inde étant proportionnés à nos forces, il serait bon que, pour en restreindre ou en augmenter l’étendue, la Compagnie sache si elle ne doit compter que sur ses propres forces et ne doit pas aussi attendre quelque secours du roi. Il est