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Je vous remets le soin de ma réputation et de me faire connaître en Europe par vos lettres au Ministre et à la Compagnie. »

Au moment d’entrer en campagne, il crut devoir renouveler à Dupleix ses sentiments de fidélité et de dévouement. Il s’estimerait, disait-il, le plus heureux des hommes si Dupleix était une fois bien convaincu de son zèle et lui accordait son estime et son amitié : ce serait la meilleure récompense de ses peines.

« Comptez sur moi, lui écrivait-il le 23 septembre, comme sur une personne qui vous est tout à fait dévouée par reconnaissance et par inclination ; je vous jure que je ne pense uniquement qu’à la bien remplir ; la mission dont vous m’avez chargé, vos nobles sentiments ont fait éclore le germe d’honneur qui était en moi et ce principe seul me guide aujourd’hui. »

Dans une autre lettre du 15 octobre, il s’exprimait en ces termes : « Un galant homme doit se conduire par une ambition mesurée ; j’en ai, Monsieur, mais elle se bornera toujours au point où vous la voudrez et je remets entre vos mains mon avancement et mon élévation[1]… »

« La réputation des Français, continuait-il, et la vôtre en particulier est au point que tout ce qu’il y a des Maures et des Gentils souhaitent le gouvernement de la nation, les premiers par la règle et l’ordre qu’il y a dans le militaire : il n’y en a point ici qui n’ambitionnent le poste de nos cipayes ; les seconds par la bonne foi qu’il y a dans les contrats et les affaires… Je m’applaudis quelquefois de mes petites négociations, mais jusqu’à ce que j’aie votre approbation… je croirai toujours que c’est l’amour-propre qui agit en moi.

« Je me fais fort de mettre les Français en possession de tous

  1. Bussy mettait alors son ambition à obtenir plus tard un brevet de colonel et pour le moment un poste au Conseil supérieur de Pondichéry.