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« Le retour de la paix, écrivait-il à Dupleix le 28 novembre 1750, a occasionné beaucoup de nouveaux projets de commerce. La Compagnie des Indes entre autres a conçu de grandes espérances d’augmenter le sien ; en conséquence elle a fait passer des fonds considérables dans l’Inde ; ils y étaient nécessaires pour parvenir à son but ; mais ils ne suffisent pas si d’autres circonstances n’y concourent, surtout celle de la tranquillité des états d’où nous tirons nos amortissements. Nous espérons, Monsieur, que ce sera votre ouvrage et que vous couronnerez par une paix solide la gloire que vous avez acquise dans la guerre pour la nation et pour vous. On ne doit, dit-on, guerroyer que pour parvenir à ce but, Nos principaux actionnaires désirent beaucoup apprendre la fin des troubles qui agitent vos cantons ; ils craignent que nous ne nous engagions trop avant dans les querelles des petits princes de la presqu’île et que cela ne nous oblige d’être toujours armés et en guerre avec quelques-uns d’entre eux. Vous pouvez en juger mieux que personne. Nous le disons tous les jours et qu’on doit s’en rapporter à vous ; mais on ne guérit point les gens de la peur. D’ailleurs nos Français veulent jouir du présent et s’occupent fort peu de l’avenir. Tel est aujourd’hui le système des Parisiens et ce qui a donné une si grande recherche aux rentes viagères[1]. »

Lettre de Saint-Priest, de janvier 1751. — Les mêmes réserves et réticences se retrouvent avec plus de précision encore dans une lettre ou projet de lettre de St-Priest de janvier ou février 1751. St-Priest était commissaire du roi auprès de la Compagnie et remplissait ses fonctions avec vigilance, bon sens et sagacité. En rapport

  1. Dans cette lettre, Michel nous fait part d’un intéressant projet d’association entre lui, Bacquencourt et Dupleix pour fonder un grand établissement à la Martinique. Michel devait fournir 300.000 liv. et Bacquencourt 200 à 250, tant pour lui que pour Dupleix. Bacquencourt l’avait plusieurs fois pressé de conclure cette affaire. Sa mort arrêta tout.