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toutefois qu’il était encore possible de l’éviter, il suggéra à Bussy l’idée d’entrer en relations avec Tara Baye, tante du raja de Sattara et ennemie de Balagirao. Cette femme avait jadis joué un rôle considérable dans les affaires du pays et elle avait encore une grande influence : on ne lui demanderait de s’en servir que pour le maintien de la paix. Comme on n’en voulait nullement à l’intégrité du territoire marate, rien n’empêcherait de négocier en même temps avec Balagirao. Si de ces intrigues ou négociations, nous pouvions retirer quelques avantages pour notre compte, nous devions essayer d’obtenir soit la cession de Bassein, près de Bombay, soit l’abandon à notre profit du chotaye que les Marates percevaient sur le Carnatic, Trichinopoly, le Maïssour, le Tanjore, Cudappa, Carnoul et autres lieux. L’abandon du chotaye vaudrait mieux ; ce seraient pour nous des revenus assurés. Libre du côté des Marates, Dupleix verrait à s’occuper des affaires du Bengale.

Bussy ne vit aucune difficulté à se charger successivement des deux entreprises. Il pensait en finir de bonne heure avec Balagirao et passer au Bengale en décembre ou en janvier. « Une armée leste qui se joindrait à nous à Bengale ou à Balassore, disait Bussy, rendrait la conquête de cette province infaillible. »

Les événements ne permirent pas la réalisation de ces espérances. Les préparatifs de l’expédition contre Balagirao durèrent plus longtemps qu’on ne le pensait, puisque l’armée ne quitta Aurengabad que le 8 novembre. On était alors dans la saison des pluies et à vrai dire il n’était pas encore certain que la guerre dut avoir lieu. Balagi entretenait auprès de Salabet un vaquil avec qui l’on échangeait tous les jours des vues contradictoires et l’on était presque tombé d’accord pour reconnaître que