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lui exposait-il que, malgré les ordres reçus, il n’avait pas voulu faire la paix et ne pouvait encore y consentir actuellement. Il venait de recevoir une lettre de ce ministre datée du 19 février 1753, dans laquelle celui-ci, informé depuis plusieurs jours de la capitulation de Law et de la continuation des hostilités après ce douloureux événement, lui exprimait tout son mécontentement. Dupleix lui répondit que les ordres qu’il avait reçus ne l’avaient pas laissé indifférent. Pour s’y conformer, il avait déjà écrit à Saunders le 18 février 1752 une lettre restée sans résultat. Après l’affaire de Trichinopoly qui lui paraît avoir été fort exagérée, il n’eut pas mieux demandé que de faire cesser les troubles, mais il ne pouvait y arriver qu’en concluant une paix déshonorante ; or il n’a pas voulu envisager cette éventualité. Mais laissons sur ce point délicat la parole à Dupleix lui-même ; nul ne saurait être le meilleur avocat de sa politique :

« Certainement la paix que l’on eût pu faire alors eut été aussi déshonorante et peut-être plus fâcheuse que la catastrophe qui l’eut occasionnée. Ma façon de penser qui peut-être ne trouve pas partout des zélateurs, qui mais cependant n’a d’autres vues que la gloire du roi, celle de la nation et son bien-être, ne me permet pas de me soumettre au joug honteux que l’on voulait me présenter et dont je connais mieux qu’un autre qu’elles en peuvent être les suites. Je ne fus pas étonné du coup malheureux et je ne crus pas que ce fut le temps de recevoir des fers dont le poids n’eut fait qu’augmenter ; mes ressources n’étaient pas à bout, j’en attendais d’Europe, et la suite a fait voir que si celle qui venait de France eut été mieux choisie, que notre honte eut été effacée et la tranquillité rendue dans cette partie. Lorsque vous me faites la grâce de me prescrire la paix, sans doute, Monseigneur, que votre intention est qu’elle soit honorable et avantageuse et que la gloire du roi à laquelle vous êtes intimement intéressé, n’en reçoive point la moindre atteinte. J’ai fait