Page:Martineau - Dupleix et l’Inde française, tome 4.djvu/26

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

d’abandonner Salabet j. à son sort. Les circonstances ne le permirent pas. Au moment même où l’on pouvait penser que notre concours avait solidement assis l’autorité de ce prince, aussi bien à l’intérieur qu’au dehors, un nouvel orage se préparait du côté des Marates et de Delhi et notre appui devint plus que jamais indispensable. Gaziuddin n’avait pas renoncé à l’espérance de régner et l’on apprit au mois d’aout qu’il arrivait du nord avec 150.000 hommes, tandis que Balagirao, dont on avait payé la retraite plutôt qu’acheté l’amitié, se préparait à lui donner assistance en venant de Pouna ou d’Ahmednagar avec une armée de 100.000 hommes. En un instant la terreur se répandit à Aurengabad ; on voyait déjà le Décan envahi au nord et à l’ouest et les moins timorés parlaient d’abandonner la ville et livrer à l’ennemi une partie du territoire. Seul ou à peu près seul Bussy estima que le danger non seulement n’était pas imminent mais pouvait être conjuré ; pour cela, il ne fallait pas attendre les Marates mais aller les chercher chez eux. À une défensive toujours pleine de danger, il fallait franchement substituer l’offensive. N’avions-nous pas des troupes pour la soutenir et pour triompher ? Si quelques mois auparavant, Bussy avait reculé devant un conflit avec Balagirao, c’est qu’il voulait avant tout ne pas livrer aux aléas d’une bataille le trône mal affermi de Salabet j. ; maintenant que ce prince ne trouvait nulle part de résistance en ses états, il convenait de restaurer son prestige au dehors et relever les provocations de l’ennemi. Ce langage exposé sans vantardise mais sans faiblesse donna toute confiance à Salabet j. et l’on se prépara à la guerre.

Dupleix ne la vit pas venir sans inquiétude ; elle dérangeait tous ses projets sur le Bengale. Estimant