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Les Portugais n’ont été puissants qu’autant qu’ils ont trouvé dans le pays des revenus fixes et assurés ; mais lorsqu’ils eurent perdu ces revenus et notamment après la prise de Basseïn, leur autorité tomba. Les secours mêmes qu’envoyait le Portugal ne faisaient que précipiter la ruine, par la nécessité de nourrir des hommes pour lesquels il n’y avait pas d’argent. Ces hommes étaient au surplus des fainéants et d’un entretien aussi inutile que les moines, lesquels n’ont pas peu contribué à la décadence des Portugais dans l’Inde.

Les Hollandais, qui se sont élevés sur leur ruine, n’ont dû également leur puissance qu’au revenu fixe que leur donnaient leurs possessions de Java, Sumatra, les Moluques, Ceylan. Ce revenu consiste essentiellement dans le commerce des épices qui leur rapporte cent pour un et compense toutes les pertes du commerce en Europe. Sans ce commerce, les Hollandais seraient ruinés par les vols, incendies, naufrages et autres accidents.

Les succès des Hollandais attirèrent les Anglais en Extrême-Orient, mais ils ne purent s’établir dans les îles de la Sonde, grâce aux procédés des Hollandais qui ne voulaient pas de partage. La compagnie nouvelle fondée au xviiie siècle a réussi, parce que le Grand Mogol lui a accordé l’exemption des droits dans tout son empire ; néanmoins elle n’a pas de revenu fixe ; la dernière guerre l’a épuisée ; son crédit est à bout ; elle ne se maintient en Europe que par l’ « illusion » (on dirait aujourd’hui bluff) laquelle tire à sa fin. « Il faut absolument que sa décadence s’annonce ; sa conduite dans l’Inde depuis la paix n’en laisse aucun doute. »

« Ces deux exemples sont d’autant plus frappants que nous étant présentés par les situations actuelles des deux compagnies des Indes qui ont le plus d’éclat, ils prouvent sans réplique la nécessité d’un revenu pour toute compagnie de commerce qui a de grands établissements à soutenir et à faire, des pertes