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s’était fait en son esprit n’était peut-être pas commencé en France : les traditions s’y opposaient. N’était-ce pas alors son devoir, autant pour se justifier que pour donner à son pays la gloire et la richesse, de lui faire comprendre par un exposé méthodique quelles étaient ou devaient être ses véritables destinées ? Puisqu’il n’avait convaincu personne en exposant à différentes reprises que les revenus de nos nouvelles concessions suffiraient à couvrir les frais de la guerre et serviraient même à alimenter notre commerce, c’est que sa démonstration n’avait été ni assez logique ni assez doctrinale. Peut-être aussi l’idée directrice de sa politique n’était-elle pas encore arrivée dans son esprit à pleine maturité. Mais maintenant que l’expérience avait clairement établi combien il était facile de dominer les Indiens, on serait blâmable de ne pas profiter de leur faiblesse. C’est cette conviction, appuyée par l’expérience, que Dupleix va essayer de faire partager à la Compagnie.

Avant 1749, on se contentait d’occuper à la côte quelques points plus ou moins importants, mais qui tous coûtaient fort cher par la nécessité de répartir les frais généraux de défense et d’administration sur un territoire peu étendu ; la théorie que s’est formée Dupleix est que ces mêmes frais ne seront guère plus élevés dans un domaine plus vaste, tandis que les revenus croîtront dans des proportions conciliables. Mahé, Karikal, Chandernagor, Pondichéry lui-même, enfermés dans des bornes trop étroites avec des ressources modiques, ont toujours coûté à la Compagnie plus que le produit des ventes à Lorient ne lui a rapporté ; qu’on brise ces cadres étriqués et de partout il viendra des richesses nouvelles qui ne coûteront que la peine de les rassembler.

Cette théorie sur laquelle repose en partie la colonisa-