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l’autre très bien reçus par les neveux de Dupleix en sa maison de la rue des Capucines qu’ils occupaient et Amat, qui n’avait que de maigres ressources, y fixa sa résidence. Mais il ne leur fallut pas beaucoup de temps pour se rendre compte qu’ailleurs ils n’avaient à espérer ni bienveillance ni sympathie. L’affaire de Sriringam connue dans tous ses détails depuis le mois de mars, était encore présente à toutes les mémoires, on comprenait difficilement qu’après un événement aussi malheureux la guerre continuât. L’obstination de Dupleix paraissait un effet de l’orgueil plutôt que de la raison. Ainsi que l’expliqua Savalette à Dupleix lui-même en une lettre du 11 novembre :

« L’on ne veut pas de la guerre faite par une compagnie de commerce ; l’on en craint les suites. Notre position avec les puissances de l’Europe et l’esprit de paix de notre monarque qui aime à rendre l’Europe tranquille, tout a fait craindre les semences de la guerre. On en redoute même les avantages dans l’Inde et dans les autres parties du monde où nous avons des établissements. Vous avez été entraîné malgré vous dans les querelles des puissances de l’Inde ; vous avez cru en bon français en devoir profiter pour prendre une supériorité sur vos rivaux. Tout autre que vous pensant et pouvant agir aussi fortement aurait tout fait pour réussir de même, mais l’on est ici pour d’autres raisons dans un principe tout différent. C’est sur la volonté du ministre et sur l’aveu du public qu’il faut se régler. MM. d’Auteuil et Amat n’ont entendu que le cri de paix pour une compagnie de commerce… » (B. N. 9150, p. 228-234).

Que répondre à ce cri général ? La tâche était d’autant moins facile que les ministres et la Compagnie étaient secrètement d’accord pour envoyer dans l’Inde un commissaire chargé d’y rétablir la paix, et qu’une mis-