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mal de cette vie comme le reste des hommes. On ne veut de moi que des miracles. Combien n’en ai-je pas présenté et que faut-il encore ? L’injustice se manifeste dans cette façon dépenser, mais ne fera aucun effet sur moi, de quoi l’on peut être très certain. » (B. N. 9151, p. 30-31).

Il exprimait à l’aîné de ses neveux des sentiments de même nature et portait sur les directeurs des jugements dépourvus de toute bienveillance.

Nul ne faisait plus mal qu’eux : Godeheu lui-même ne pouvait s’empêcher de lui en marquer sa mauvaise humeur. Les cabales dans la direction aboutiront certainement à la ruine de l’édifice. L’avidité de ces seigneurs ne s’accorde guère qu’avec la crainte d’exciter la jalousie des voisins. « Je crois que leur crainte à tous est que le roi, informé des revenus immenses que j’ai fait acquérir à la Compagnie, ne s’empare des colonies, ne se charge de leur conservation et de leur entretien et ne réduise la Compagnie à son commerce, qui deviendrait plus avantageux pour elle. Il est certain que les revenus de l’Inde, tous frais et entretiens défalqués, donneraient au roi au moins quatre millions de revenus net et quitte. » (B. N. 9151, p. 33-34).

En écrivant ces lignes inspirées par la mauvaise humeur, Dupleix ne se doutait guère qu’il formulait le programme de la colonisation contemporaine où l’État se borne à administrer les affaires générales d’une colonie, en protégeant le commerce, mais sans être intéressé dans ses opérations. Quant à prêter ces vues au gouvernement d’alors, ni le roi ni ses ministres n’y songeaient, au moins pour l’Inde.

Avec Savalette, nous revenons à des opinions moins brutales. Dupleix ne le connaissait pas personnellement ; il savait seulement que c’était un ami ou plutôt un protec-