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lieux. Que l’on dissimule comme je le propose et vous verrez à quoi je les réduirai si on veut me laisser faire. »


Pour contrecarrer les Anglais et les Hollandais, il est bon de favoriser les Danois dans le Bengale. Il serait également à souhaiter que le roi de Prusse voulut que sa Compagnie établit aussi son commerce au Bengale…

Dupleix n’a pas cherché la guerre ; ce sont ses ennemis qui l’ont voulu ; elle s’est retournée contre eux. Ainsi, malgré la Compagnie et ses compatriotes, la Providence a voulu lui fournir les moyens d’assurer à la nation un revenu certain et immuable et des retours qui ne lui coûteront rien. Peut-on le blâmer d’avoir profité de la rage de ses ennemis ?…


Ici, Dupleix abordait la question plus délicate des récompenses auxquelles il estimait avoir droit. On sait qu’il n’était pas insensible à la vanité ; les titres même sans profit avaient pour lui beaucoup d’attrait. Or il jugeait qu’on ne tenait pas assez compte des services qu’il avait rendus. On récompense, disait-il, quelqu’un pour ce qu’il a fait et non pour ce qu’il fera. On ne veut sans doute le récompenser qu’autant qu’il aura fait une paix solide, mais en lui donnant cette perspective,

« on a eu assez bonne idée de moi pour ne point me croire capable de trahir mon devoir, ma patrie et mon roi, pour obtenir par une paix fâcheuse et déshonorante une récompense qui a lieu de flatter et qui deviendrait cependant le prix de la honte et du joug si j’étais capable de l’acquérir de cette façon. Permettez-moi donc, Monsieur, de vous dire que j’aime mieux mon passé et que mes sentiments d’honneur et de probité ne se démentiront jamais pour obtenir des récompenses qui ne seraient que les fruits de la honte de ma nation. »

… « Si mes sentiments ne conviennent point à la Compagnie, elle est la maîtresse de choisir quelque autre qui plus complaisant pour la direction ne songera qu’à ses intérêts propres et abandonnera ceux de la nation. Une fois déchargé d’un poids qui devrait m’accabler si la Providence ne me donnait des forces