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Dans ses lettres à la Compagnie dont Montaran peut prendre connaissance, Dupleix ne cesse de dire : Beaucoup de marchandises, beaucoup de revenus. Voilà ce qu’il présente et si l’on avait eu un peu plus de confiance en ses opérations, l’on eut eu une cargaison de plus. « Je regarderai toujours comme un prétexte qui ne fait pas honneur à la nation que celui de craindre d’exciter la jalousie d’une nation qui n’a pas pour nous une même politique, qui au contraire affecte un mépris que je trouve très déplacé à leur place. »

On paraissait croire que ses opérations politiques l’empêcheraient de donner tous ses soins au commerce ; par les cargaisons qu’il vient d’envoyer, la Compagnie peut se rendre compte aujourd’hui qu’elle est dupe de sa méfiance. Ah ! si le bien de l’État pouvait l’emporter sur les considérations particulières, à quels résultats n’arriverait-on pas ? Dans la dernière guerre, la Compagnie aurait pu succomber sans le zèle déployé par Montaran ; quant à lui, Dupleix,

« J’avais pour vous seconder profité des occurrences et trouvé un moyen plus simple de couvrir et les dépenses d’Europe et celles de l’Inde par des moyens dont je connais toute la simplicité et qui sont les seuls qui peuvent empêcher notre compagnie de tomber dans de nouvelles abîmes… La Compagnie de Hollande ne se soutient que par ses ressources de l’Inde ; elle ne les doit qu’à la guerre ; celle-ci me les a présentées pour la nôtre ; j’ai profité des circonstances et je n’eus jamais pensé qu’elles eussent été si avantageuses pour nous. Certainement je ne crois pas que l’on pût se flatter d’avoir jamais une perspective de six millions de revenus dans ces pays qu’une poignée de monde suffit à garder. Le roi et la nation me sauraient bien mauvais gré si j’avais refusé de pareils avantages. Que la Compagnie sente tout ce qu’il lui plaira à ce sujet, je n’en aurai pas moins rendu des services essentiels et réduit l’Anglais à perdre une branche de commerce considérable par nos acquisitions autour de Mazulipatam et autres