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tant à la côte d’Orissa que dans le Décan ; quant au second, il le renvoie à sa lettre générale à la Compagnie. Nul souci de défense personnelle directe.

On trouvera une tout autre note dans celle qu’il écrivit à son ami Montaran. Celle-ci n’étant pas en principe destinée à la publicité, Dupleix s’y exprime plus librement ; son tempérament agressif reparaît. Comme on pouvait s’y attendre, il n’est pas tendre pour ceux qui ne partagent pas ses sentiments et qui, dit-il, tiennent des discours peu réfléchis. Par une anticipation de la doctrine qu’il devait exposer à la Compagnie en son mémoire du 16 octobre suivant, il justifie la politique d’agrandissement qui doit porter nos ventes à 50 millions ; en la pratiquant il n’a fait que profiter des circonstances, qui pourrait l’en blâmer ? Mais laissons-le lui-même exposer ses arguments.

Après quelques lignes d’ordre privé, Dupleix passe au commerce de la Compagnie. Loin de diminuer les envois de marchandises d’Europe, qui ne sont que de 400.000 rs., il faut au contraire les augmenter d’autant, au moins pendant deux ans :

« C’est l’unique moyen d’arriver au but que l’on se propose, de pousser les ventes jusqu’à 50 millions. Le bénéfice de ces ventes sera presque entier, puisque près de 6 millions de livres de revenus couvriront à ce que je crois, toutes vos dépenses tant dans l’Inde qu’en Europe… Comme cette opération est faite sous vos aspirations, vous devez en faire connaître toute l’importance et engager que l’on agisse en conséquence, sans vous arrêter aux discours peu réfléchis que bien des gens tiennent sur ces affaires sans en connaître le fonds ni peut être savoir de quoi il est question. Je pense bien que ces acquisitions immenses sont au delà de la portée de bien des gens et qu’ils en sont frappés au point de ne savoir qu’en dire, mais si cette