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Dans les mois qui suivirent le départ de la Touche, nous pouvons enfin saisir par un acte officiel comment dans la pensée de Dupleix, l’idée d’un agrandissement territorial s’était précisée et était devenue l’une des formules de sa politique. Louet, notre commandant à Mahé, lui demanda le 26 mars, s’il convenait d’accepter des propositions qui lui étaient faites par les rois de Nélisseram et de Colastry, en vue de leur fournir des soldats et des munitions en échange de la cession d’un certain territoire. Après avoir pris l’avis du Conseil supérieur, Dupleix répondit le 15 avril qu’il n’y avait pas à hésiter. Si réellement ces deux rois étaient disposés à nous donner quelque territoire et des facilités commerciales dans leur pays, il fallait leur fournir les armes et les munitions qu’ils demandaient. « Votre principale attention, écrivit-il à Louet, est d’avoir suffisamment de terrain et de revenus pour l’entretien de 3 à 400 hommes,… le commerce exclusif doit être une des principales clauses de l’accord. » (A. C. C2 83, p. 49-80).


Dupleix reçut dans le même temps les premières lettres de France dans lesquelles le ministre et la Compagnie, tout en le félicitant de ses succès de l’année 1749 — la prise de Gingy et la mort de Nazer j. étaient encore ignorées — lui recommandaient expressément de s’en tenir là et de conclure la paix. Il dut alors sentir qu’il jouait une très grosse partie, sans certitude de la gagner. Comme il était résolu à la pousser jusqu’au bout, il dut trouver de nouveaux arguments pour calmer les scrupules de la Compagnie. Ou plutôt ce furent toujours les mêmes ; ils consistaient essentiellement, sans dénaturer complètement les faits, à représenter que les troubles de l’Inde n’étaient que passagers, que nous ne rempor-