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février 1751, quelques jours après le départ de Bussy pour le Décan. Ce n’était pas la partie la moins ardue et la moins ingrate de sa tâche que de faire admettre par la Compagnie la nécessité de cette nouvelle expédition ; manifestement ce n’est pas un programme de paix qu’il lui apportait. Bien que nous n’ayons pas d’autre indication sur cette mission que son but lui-même, nous pouvons cependant poser en fait que, selon toute vraisemblance, la Touche était chargé d’expliquer que tous les avantages que nous avions acquis dans l’Inde n’ayant de valeur que par l’approbation que leur donnait le soubab du Décan, souverain éminent du Carnatic, il nous importait avant toutes choses d’asseoir et de maintenir son autorité, si nous voulions continuer à jouir de nos concessions. Autrement nous n’avions plus de bases juridiques ni politiques pour les justifier ni pour les conserver.

S’il faut en croire une lettre de Dupleix à son neveu du 15 février 1753, la Touche ne fut pas très convaincant : le petit bonhomme, disait-il dans cette lettre, a peu de lumières sur les pays de l’Inde ; il manque toujours d’une certaine hardiesse dans la conversation et à force d’être circonspect, il l’est trop. Pour tout dire, il sait mieux se battre que parler (B. N. 9151, p. 37). Mais vraiment le sort de la politique de Dupleix dépendait-il d’une plaidoirie plus ou moins bien ordonnée ? Les faits qui se passaient dans l’Inde avaient plus d’éloquence et la Compagnie comme les ministres étaient peu sensibles aux discours[1].

  1. La Touche ne revit jamais l’Inde. Embarqué sur le Prince, au début de 1753, pour revenir à Pondichéry, il périt en mer avec presque tout l’équipage et tous les soldats embarqués, dans un incendie qui se déclara dans l’Océan Indien.