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Il en arriva naturellement à penser que si la Compagnie avait eu dans l’Inde un revenu fixe, il lui en eût moins coûté pour porter secours à nos établissements, et ce secours eut été mieux assuré. Le souvenir de ces misères était resté profondément gravé dans son cœur ; mais comment faire face à de pareilles nécessités si elles se représentaient ?

« Jusqu’à présent, dit-il en son mémoire du 16 octobre 1753, les circonstances n’avaient pas permis d’y songer [à avoir un revenu fixe], et si l’idée en était venue, on l’aurait rejetée presque aussitôt. Des occurrences que la dernière guerre avait présentées ont servi à faire apercevoir des objets auxquels on n’eut jamais pensé par la raison qu’on ne pouvait se persuader de la possibilité ; un enchaînement de circonstances qu’on aurait eu bien de la peine à prévenir a cependant conduit au but que l’on cherche depuis longtemps ! »

Aveu précieux l Ainsi, jusqu’en 1748 tout au moins, personne pas même Dupleix n’eut la moindre idée de la politique dont on lui fait aujourd’hui honneur ; si elle lui fut venue à l’esprit, tout comme un autre il l’eut aussitôt rejetée. Quel est donc le fait qui l’amena à changer d’avis et à suivre la direction nouvelle où il devait illustrer son nom ? Il faut bien le dire, c’est le simple hasard, ce grand inspirateur des actions humaines.

Nous l’avons exposé plus longuement ailleurs. Au début de 1749, Chanda S. et Muzaffer j., désireux l’un de s’emparer du Carnatic et l’autre du Décan, demandèrent à Dupleix de mettre à leur disposition les troupes nécessaires pour réaliser leurs ambitions ; ils s’engageaient à payer toutes les dépenses.

Dupleix qui depuis la paix ne savait que faire de ses hommes et n’avait pas de bateau pour les renvoyer en France, accepta ces propositions et dès le 14 juillet 1749