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« dogue affamé, plus disposée à le dévorer qu’à lui obéir. » Il espérait pouvoir la payer avec quelques ressources du pays ; il ne trouva que de nouveaux embarras, des dettes sans nombre, des dépenses excédant les revenus, des finances égarées ou dissipées et par suite l’impossibilité de tirer aucun parti de ses hommes, qu’il ne pouvait licencier sans régler leurs soldes, gages ou appointements. Aucune recette en perspective : les troupes de Degrez, qui étaient avec Viziam Raja, avaient complètement perdu de vue leur mission qui était de faire rentrer les revenus et celui-ci n’avait ni la volonté ni les moyens de tenir ses engagements. On pouvait, il est vrai, lui faire la guerre, mais ce parti avait ses inconvénients. Viziam Raja, ne se sentant pas en force pour nous résister, se retirerait sans doute dans les bois sans qu’on put l’y poursuivre et sa retraite pourrait déterminer les Marates à renouveler leurs incursions et les Anglais à faire quelques mouvements pour nous inquiéter de divers côtés. Après avoir passé plusieurs jours avec Moracin qui était venu le rejoindre à Bezoara et s’être concerté avec lui sur les mesures à prendre, Bussy vint à Ellore ; là, il se proposait de passer à Rajamandry, mais après réflexion il jugea que le mieux était de se rendre directement dans la province de Chicacol, soit pour s’entendre avec Viziam Raja soit pour le combattre et il quitta Ellore le 6 août avec son armée.

Mais à cette date, Godeheu était déjà à Pondichéry depuis cinq jours et tout ce que nous pourrions dire des mouvements de Bussy serait empiéter sur l’avenir. Nul ne prévoyait encore la disgrâce totale dont Dupleix allait être frappé et pendant tout le mois de juillet ils avaient continué à s’écrire comme s’ils étaient l’un et l’autre assurés de pouvoir terminer les affaires dont ils