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paliagar qui s’offrit à diriger l’expédition à travers les passes des montagnes. L’industrie des Marates étant la guerre, Janogy entra sans la moindre peine dans la province que nul ne défendait. Il la ravagea en partie et poussant ses exploits jusqu’à la mer, il alla jusqu’à Biblipatam, où il pilla également la loge hollandaise. C’était la première fois que les Marates s’aventuraient dans cette partie de l’Inde. À la nouvelle de leur attaque, Viziam Raja et Dugrez ne se sentant pas en force pour résister, demandèrent des renforts à Moracin et celui-ci détacha immédiatement tout ce qu’il put de soldats et de cipayes. Cette petite armée ne tarda pas à se trouver en présence de l’ennemi ; on se livra de part et d’autre des combats peu meurtriers jusqu’au jour — 4 mai — où l’élite de l’armée marate fut absolument décimée.

Janogy qui n’avait jamais envisagé que le pillage du pays et non sa conquête, n’eut alors d’autre souci que de se retirer avec son butin ; mais, au lieu de repasser les montagnes, il descendit par le sud de la province de Chicacol, traversa celle de Rajamandry, passa le Godavery par un gué, côtoya la province d’Ellore et se retira enfin dans les domaines de son père en toute sécurité. Moracin était tout prêt à lui barrer le chemin s’il s’aventurait dans la province d’Ellore ; lorsqu’il lui vit prendre une autre route, il s’estima trop heureux que les concessions propres de la Compagnie en fussent quittes à si bon compte et il se garda de l’inquiéter.

Jaffer Ali avait suivi Janogy dans sa retraite. Bussy, satisfait de l’avoir réduit à l’impuissance, ne lui tint pas rigueur de sa résistance ; il lui fit obtenir son pardon de Salabet j. et l’autorisa à revenir à Haïderabad. Cette campagne eut portant un résultat fâcheux pour nos finances ; le pays de Chicacol ayant été plus ou moins ravagé,