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de les mener à bonne fin. Lorsqu’on avait fait l’acquisition des nouvelles provinces, il eut fallut songer davantage à la subsistance de l’armée ; on n’y a pas apporté toute l’attention nécessaire ; tous les embarras actuels viennent de là. Aussi Bussy demandait-il encore une fois qu’on le laissât maître de ses opérations ; autrement tout l’édifice croulerait. On n’était pas en Europe, où l’on doit se conduire d’après certaines formes et certains règlements ; dans l’Inde tout cela ne servait à rien ; « la force seule (y) fait le bon droit ; quand on l’a, on a tout, sinon on ne tient rien… Il est inutile de se monter sur de grands mots et de grands sentiments ; avec cette nation ce serait le vrai moyen de ruiner toutes les affaires. (B. N. 9158).

De guerre lasse, Bussy s’était décidé à envoyer à Mazulipatam le P. Monjustin, aumônier de l’armée, pour s’entendre avec Moracin au sujet des paiements promis et annoncés par Dupleix, lorsqu’arriva le 17 mai le premier versement de 100.000 rs. Ce fut une première lueur dans un ciel assombri ; il n’en fallut pas davantage pour que Bussy reprit confiance et la lueur en effet s’agrandit. Le mois suivant, Dupleix autorisait provisoirement Moracin à prélever sur les revenus de Condavir les sommes nécessaires à l’entretien de nos troupes. Mais déjà à ce moment, Bussy, autorisé par Dupleix, était descendu à la côte, non pour y effectuer une prise de possession déjà réalisée par Ibrahim et par Moracin mais pour y assurer lui-même le recouvrement des sommes dont il avait besoin et qui ne rentraient pas, par suite d’un certain flottement dans la direction des affaires.

Anticipons un peu sur les événements et continuons d’examiner les comptes de notre armée jusqu’au jour où Godeheu arriva dans l’Inde : ce n’est plus qu’une période de deux mois à courir. Tous les éléments d’information