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dépenses courantes 2.000 rs. par mois, sinon il lui serait impossible de faire face à ses besoins et il demanderait à être relevé de ses fonctions au mois de mars[1].

Bussy approuva les raisons invoquées par Moracin. Ce ne fut donc pas cet incident qui créa entre eux un malentendu ; ce fut plutôt leur divergence de vues au sujet de la convention elle-même et de l’attribution des fermages, puis vint la question plus angoissante de l’argent.

En ce qui concernait la cession, les termes tout personnels de l’accord parurent tels à Moracin qu’il crut n’avoir plus rien à faire dans ces nouvelles provinces. C’est ce qu’il laissa entendre à Bussy en ajoutant que s’il allait en prendre possession, les Anglais et les Hollandais seraient autorisés à croire que désormais ces provinces étaient nôtres ; ce serait les encourager à s’entendre avec les paliagars pour nous chasser du pays. Autre raison non moins grave : si par malheur Moracin s’aventurait dans les circars, il risquait pendant ce temps d’être attaqué à Mazulipatam. Avec quoi pourrait-il se défendre ?

Bussy releva ce langage avec une certaine vivacité.

Si l’on n’était pas disposé à aller jusqu’au bout, fit-il savoir à Moracin le 3 février, il n’eut pas fallu l’engager dans cette affaire. Maintenant on ne pouvait plus reculer :

  1. C’est à ce propos que Dupleix posa à Moracin les questions suivantes par lettre du 27 décembre : « Avant que de vous dire mon sentiment sur les dédommagements que vous souhaitez pour vos dépenses, vous eussiez dû me dire quels sont ces bénéfices particuliers que Bussy veut partager avec vous. Ce partage de sa part a quelque lieu de m’étonner ; je le croyais rassasié et ses dernières lettres ne me parlaient que d’un parfait désintéressement. Je n’y serai plus attrapé. Dites-moi, mon cher neveu, en quoi peuvent consister ces bénéfices, afin que je puisse décider en connaissance de cause sur vos demandes que je trouve justes. Parlez-moi franchement : c’est tout ce que je demande, je ferai le reste. » (A. V. 3756). — Nous n’avons pas la réponse de Moracin.