Page:Martineau - Dupleix et l’Inde française, tome 4.djvu/169

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Dupleix feignit néanmoins en public de le considérer comme sans importance et il ne lui fit pas l’honneur d’un seul coup de canon. Comme Bussy, il estimait qu’autant valait ne pas surexciter la jalousie des Anglais au moment même où il allait négocier avec eux à Sadras pour le rétablissement de la paix entre les deux nations ».

« J’ai affecté, écrivit-il à Bussy le 16 janvier 1754, de dire que cette affaire ne regardait qu’indirectement la nation et que ces provinces restaient toujours sous la domination du nabab du Décan et que leurs revenus n’étaient destinés qu’à l’entretien de votre armée et que vous auriez la direction de ces provinces sans aucune relation avec la nation, que vous étiez dans ce cas officier du Mogol et que c’était à vous à gérer ces provinces pour recevoir les fonds et que les Maures auraient toujours le gouvernement comme vos naïbs dans ces provinces ; en conséquence j’ai donné les ordres à M. Moracin de suivre autant qu’il sera possible les ordres que vous lui donnerez pour le gouvernement de ces provinces. »

Mais tout en se félicitant de l’acquisition des circars, Dupleix ne comprenait pas que Bussy les eut fait mettre à son nom et, par lettre du 28 février, il le désapprouva formellement d’avoir fait insérer cette condition. Comme il résultait d’autre part des lettres de Bussy et de certaines conversations privées que celui-ci avait l’intention d’aller lui-même prendre possession des circars et laisser pendant quelques mois Salabet j. sous la simple garde d’un détachement français de 100 à 150 blancs et d’un millier de cipayes, Dupleix désapprouva plus nettement encore cette idée, en représentant que ce serait renouveler les errements de l’année précédente où tout avait failli être compromis par le départ de Bussy ; puisqu’aussi bien Moracin était déjà à la côte, il pouvait prendre possession