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se joindre à lui. Bien entendu, il fallait que tout cela fut fait avec la plus grande discrétion. Pour ne donner aucun soupçon à Jaffer Ali, on réclamerait à grand bruit ces déserteurs ; Viziam Raja ne serait pas assez sot pour ne pas comprendre le double jeu. On éviterait d’ailleurs de prendre des engagements avec Jaffer Ali, si pressé de trop près par son adversaire, il réclamait notre assistance ; Bussy profiterait de ce moment, où les provinces paraîtraient se détacher elles-mêmes de l’empire, pour faire entendre au soubab que le seul moyen de les lui conserver était de nous les abandonner pour la solde de notre armée ; elles lui feraient retour aussitôt qu’il n’aurait plus besoin de nos services. Dans le cas où Salabet j. se prêterait de bonne grâce à cet arrangement, on pourrait laisser les provinces à Jaffer Ali, pourvu qu’il consentit à être notre naëb ou lieutenant et nous versât par mois deux laks de roupies. Si le soubab refusait, loin d’en témoigner de l’humeur, nous l’avertirions que nous comptions prendre les provinces sous notre administration directe pour empêcher Viziam Raja de s’élever à ses dépens. Bien mieux, nous lui ferions entendre que les revenus de ces provinces seraient employés à entretenir une armée, qui resterait auprès de lui et veillerait sans cesse à sa sécurité. Calender kh., qui était venu de Mazulipatam avec Bussy, approuva entièrement ces combinaisons, sans doute avait-il la promesse d’en être tôt ou tard le bénéficiaire ; malheureusement pour lui et peut-être pour nous, il mourut un mois après.

Il y avait bien quelque duplicité dans le projet de Bussy, mais comme il l’expliquait dans la même lettre,

« dans une nation aussi fourbe que celle avec qui nous avons à traiter, ne mettre jamais que la droiture et la probité, je pense que c’est être dupe et nous le serons infailliblement de