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des quatre provinces de Chicacol, Ellore, Rajamandry et Moustafanagar. Sur la nouvelle que ces propositions seraient vraisemblablement acceptées, Bussy se prépara à entrer dans la ville ; il avait avec lui 8.000 hommes d’infanterie et de cavalerie. L’armée était en ordre de bataille : Bussy au centre avec le marquis de Conflans. La marche fut lente suivant le cérémonial asiatique. Bientôt après, on vit venir au devant de nous 22 éléphants avec le ministre régent et tous les seigneurs du Décan ; Bussy s’arrangea de telle manière que ces seigneurs firent les premiers baisser le genou à leurs éléphants, « pour rendre honneur au pavillon français et reconnaître sa supériorité », puis il fit agenouiller le sien. Bussy, le régent, les principaux seigneurs s’embrassèrent mutuellement. Les accolades finies, chacun remonta sur son éléphant et l’on arriva devant la tente du soubab. Nouvelles embrassades, nouvelles démonstrations d’amitié. Les saluts terminés, on se remit en marche et l’on arriva enfin au palais de Salabet j., après une journée des plus fatigantes, sous un soleil brûlant. « Jamais, dit Bussy, je ne fus si las des grandeurs dont il fallut essuyer toutes les incommodités. »

Alors commencèrent les négociations véritables ; elles aboutirent rapidement au résultat poursuivi, c’est-à-dire à la cession des quatre circars.

C’était la réalisation de tous nos désirs et la consécration suprême de notre autorité. Rarement de si grands résultats furent obtenus par des moyens plus simples et plus naturels. Bussy était arrivé à se rendre maître de tout le Décan sans tirer un coup de fusil ; il lui avait suffi d’une simple démonstration militaire appuyée, il est vrai, par d’utiles intrigues et de judicieuses combinaisons personnelles.