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« Il n’en est aucun parmi les officiers qui sont au service de la Compagnie qui ne puisse remplir avec dignité la place que j’occupe, pour peu qu’il veuille se donner la peine d’étudier le génie et les mœurs du pays pour s’y conformer dans l’occasion, où il est très à propos de quitter pour un temps les idées européennes et se comporter en asiatique sans en éprouver les vices et les défauts. Si la Compagnie agrée mes services, je ne refuse point d’employer encore quelque temps pour donner à ces arrangements une forme stable. La route une fois frayée, il ne sera pas difficile de la suivre. Malgré les incommodités d’une santé chancelante dont les alternatives altèrent mon tempérament, je suis prêt à sacrifier mon repos et ma jeunesse à l’agrandissement de ma nation, aux avantages de son commerce, dans un âge où je puis me promettre des jours heureux et tranquilles dans le sein de ma famille et de ma patrie. J’ose me flatter que mes services ne seront pas oubliés et que ceux qui par le rang qu’ils occupent sont comme chargés de les faire connaître, loin de les déguiser, les peindront au naturel afin que la Compagnie, faisant paraître aux yeux de Sa Majesté ce portrait, je puisse éprouver les effets de la générosité royale. » (A. Col. Inde, 2e série, t. 7, p. 198 à 205).

Il n’est pas besoin d’ajouter, d’après ces dernières lignes, que ce rapport aussi bien que les deux précédents était moins destiné à Dupleix qu’à la Compagnie et aux Ministres dont il importait avant tout de se concilier les sentiments. Aussi ces trois rapports ou mémoires furent-ils envoyés à Paris dès le mois d’octobre ou de novembre, et s’ils ne servirent pas la cause de Dupleix, déjà sacrifié à ce moment, peut-être ne furent-ils pas étrangers à la résolution qui fut alors prise de maintenir Bussy à son poste et de ne pas sacrifier nos établissements du Décan aux exigences ou aux simples désirs des Anglais.