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se plaindre : la réponse de Bussy était toute prête ; il dirait qu’il n’avait occupé ces provinces que pour les lui mieux conserver et avoir des fonds suffisants pour entretenir une armée qui le défendrait. Il serait loisible à Dupleix d’écrire à Salabet j. qu’il ne comprenait rien à la conduite de Bussy et qu’il le désavouait ; la comédie serait encore mieux jouée.

Pendant que Dupleix écrirait de la sorte, Bussy consoliderait ses avantages et quand il aurait tout réglé, il reviendrait dans le Décan avec ses forces comme si rien ne s’était passé et offrirait de nouveau ses services à Salabet j. En même temps il écrirait publiquement et fréquemment à Balagirao pour impressionner le soubab. Si celui-ci priait Bussy de venir le trouver, Bussy commencerait par exiger le renvoi des ministres qui nous étaient hostiles et avant leur exécution il n’irait pas plus loin. Si les ministres biaisaient, il écrirait à Balagirao de marcher sur Aurengabad, tandis que lui-même avancerait de son côté.

Bussy profiterait de cette occasion pour proposer au péchoua une expédition contre Surate. Il essaierait d’abord de la faire d’un commun accord avec le soubab et avec les Marates ; de cette façon, si l’entreprise réussissait, elle aurait quelque apparence d’une conquête légitime et nul ne pourrait nous traiter d’usurpateur. Pour mieux en assurer le succès, il faudrait que Dupleix envoyât 500 hommes, Bussy partirait alors pour aller joindre le soubab à Aurengabad, où toutefois il n’entrerait pas. Il déclarerait alors que voyant le Décan tranquille, il se retirait et qu’il allait à Surate chercher des embarcations pour ramener ses troupes à Pondichéry ; afin de donner plus de créance à cette nouvelle, il ferait effectivement faire à Surate quelques préparatifs d’embarquement. Puis, il passerait par les terres de Balagirao et emporterait la ville, qui devait être défendue par des Abyssins et quelques déserteurs européens. Tenant ainsi Surate à la côte ouest et Mazulipatam à l’autre côte,