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réclamée à Mir Mohamed Oussen kh. pour leur compte personnel. Goupil et Mainville en convinrent, mais, représentèrent-ils à Bussy, « si vous daigniez descendre un instant jusqu’à notre situation, ne vous reprocheriez-vous pas d’avoir fait manquer la fortune à deux honnêtes gens qui ont assez servi pour l’avoir mérité ? quels dérangements peut faire une somme semblable dans les affaires du nabab ni dans celles de la nation ? »

La réponse de Bussy ne fut pas celle d’un justicier inexorable ; n’avait-il pas lui-même été l’objet de très grandes largesses ? Il se reprocherait toute sa vie, leur dit-il, de n’avoir pas travaillé à leur fortune, mais actuellement, cette somme de 40.000 rs. qui eut paru autrefois une bagatelle était un objet considérable ; obligés de mettre tout en œuvre pour subsister malgré la disette d’argent, on ne pouvait augmenter nos embarras par un plus grand épuisement des finances. Au surplus il appartenait à Dupleix seul de trancher la question, puisqu’il s’était réservé la distribution des libéralités.

Or, peu de jours après, arrivait une circulaire de Dupleix aux officiers ainsi conçue :

« J’ai été informé, Messieurs, que plusieurs de vous gênaient et fatiguaient le nabab et autres seigneurs maures par des sollicitations fatiguantes et presque toujours mal placées pour exiger d’eux des gratifications. Comme un tel procédé ne peut que faire un tort infini aux affaires de la Compagnie et à la gloire du roi et de la nation et qu’il ne peut tendre qu’à dégoûter de nous ceux-mêmes qui ont le plus de besoin de notre protection, il est nécessaire d’y mettre ordre en défendant à l’avenir de faire aucunes sollicitations qui y aient le moindre rapport, de rendre visite à aucun seigneur, qu’après en avoir reçu l’agrément du commandant. Je vous avertis de plus que vous devez vous regarder toujours directement au service du roi et de la