Page:Martineau - Dupleix et l’Inde française, tome 3.djvu/98

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

encore qu’ils pussent un jour se traduire par la formation d’un empire étendu, avec tous les attributs de la souveraineté. La doctrine, au nom de laquelle il se constitua, n’apparut et ne se définit que dans la suite, lorsque les premiers succès remportés sur les troupes de l’Inde eurent appris aux Européens qu’il n’y avait plus qu’à oser pour réussir et à paraître pour triompher.

Le succès de Devicotta n’avait toutefois indiqué que très modestement la voie dans laquelle on pouvait s’engager sans s’exposer à une aventure ; Devicotta n’était qu’à quelques milles de Goudelour et l’on pouvait toujours y accéder par mer. L’opération réussie par le major Lawrence ne se différenciait guère de celle du gouverneur Dumas, dont elle n’était qu’une réplique à peine plus audacieuse. Il y a loin de ces expéditions militaires conduites à proximité des lignes anglaises contre un royaume assurément fort riche, mais peu puissant et sans défenses sérieuses, avec celles qu’entrevoyait Dupleix au cœur même du Carnatic, à plus de cent kilomètres de Pondichéry, dans un pays bouleversé par la nature et mieux défendu par le nombre de ses habitants. C’est pourquoi l’affaire de Devicotta n’a jamais été considérée comme un prélude de la grande politique, imprudente et ambitieuse, qui devait révolutionner l’Inde et en modifier la physionomie. Ce furent les accords conclus avec Chanda S. qui furent la cause réelle de cette transformation.