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du Coléron, et de payer tous les frais de la guerre.

Ainsi, suivant l’expression du grand historien de ces événements, l’anglais Orme, s’engageait « avec autant d’imprudence que d’ambition réciproque » la politique qui, sous le couvert des princes de l’Inde, devait mettre aux prises les Anglais et les Français. Le grand mérite de Dupleix — puisque la guerre constitue des droits — est d’avoir engagé la partie sur un échiquier plus vaste avec des partenaires plus importants ou de plus haute lignée.

Les Anglais, sans s’inquiéter un moment des droits que pouvait avoir Prapat sing à régler seul ses comptes avec Sahaji, acceptèrent les propositions qui leur étaient faites. Il leur importait avant tout d’avoir Devicotta. Certes la valeur de cette place était moins considérable qu’ils ne se l’imaginaient : ils pensaient par le fleuve attirer à la côte les produits de l’intérieur du pays depuis Trichinopoly. L’expérience ne tarda pas à prouver que le Coléron, sujet à des fluctuations extrêmes suivant le régime des pluies, ne convenait nullement au commerce ; mais alors la méconnaissance du pays était générale ; on ne savait rien de la géographie.

L’accord une fois conclu avec Sahaji[1], les troupes anglaises sortirent de Goudelour tandis qu’une flotte suivait le long de la côte. Arrivé à Porto-Novo, on fut surpris par un cyclone, comme il en éclate souvent dans le golfe du Bengale. Trois navires, l’Apollon, le Pembroke et

  1. Il est à noter que cet accord fut conclu dans les mêmes conditions que celui de Dupleix avec Chanda S. Le Conseil de Goudelour se réunit officiellement le 21 avril pour examiner les propositions de Sahaji, mais une entente secrète était déjà intervenue avec ce prince depuis un mois ; l’abandon de Devicotta était convenu depuis le 28 mars et les forces de terre étaient parties dans le plus grand mystère dès le 19 avril, deux jours avant la délibération publique. Deux conseillers refusèrent d’approuver la convention.