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mais comme il n’avait pas d’argent pour les payer, Dupleix consentit à lui faire, au nom de la Compagnie, des avances remboursables après la victoire ; jusque-là, pour ne pas donner l’éveil à l’ennemi, le pacte devait rester secret.

On attendit pour le rendre public que Chanda S. fût entré effectivement dans le Carnatic. Lorsqu’on apprit au début de juillet qu’il était aux limites du pays, Raza S. vint demander nos cipayes à Dupleix. Les dépenses engagées jusqu’alors, tant pour leur compte qu’en fournitures de magasin, s’élevaient déjà à 97.651 roupies.

Le gouverneur réunit le Conseil supérieur — 13 juillet — et lui exposa les négociations auxquelles il s’était livré. Il lui soumit ensuite la reconnaissance des 97.651 rs. signée Raza S., pour être portée au débit du compte de Chanda S. et déduite d’autant des dépenses des troupes. Il lui soumit enfin un paravana en vertu duquel le futur souverain d’Arcate, se considérant comme régulièrement investi par Muzaffer j., faisait présent et donation à perpétuité à la Compagnie de la ville de Villenour et de quarante aldées qui en dépendaient.

Comme cette acquisition, sollicitée depuis longtemps, ne pouvait qu’être avantageuse à la Compagnie aussi bien par l’augmentation de son domaine que par l’espérance de pouvoir y établir des manufactures de toutes sortes et que d’ailleurs elle nous était donnée sans aucuns frais ni dépens, le Conseil fut d’avis de l’accepter et, conclut-il, « pour en témoigner notre reconnaissance à Chanda S., il a été convenu que M. le Gouverneur continuerait à le favoriser en tout ce qui dépendrait de nous, et qu’il croirait convenable, jusqu’à ce qu’il soit installé et tranquille possesseur de son gouvernement. »

Dupleix tirera parti plus tard de cette délibération pour soutenir à la Compagnie qu’elle l’autorisait implicite-